La Bolivie est un des pays au plus bas PNB (Produit National Brut) des Amériques.

Introduction

Le quotidien des habitants de la Bolivie est de plus en plus précaire, parce que 70% de la population est concentré sur les Hauts Plateaux, où la fermeture des mines et la surexploitation de terres pauvres ont réduit la population à des conditions de pauvreté extrême.
Pour ces raisons, le choix de ces personnes a été d’émigrer vers les terres basses tropicales sous-peuplées. À leur arrivée, elles ont été victimes de pathologies tropicales inconnues sur les hautes montagnes ce qui a risqué de décourager les efforts d’implantation. Parmi les pathologies tropicales parasitaires ou virales auxquelles elles doivent faire face, il y a la maladie de Chagas.
La contagion peut se faire de différentes manières, mais dans la plupart des cas elle se fait par les punaises triatomines : ce sont des punaises qui sucent le sang et s’infectent en mordant un animal ou une personne infectée. Ces insectes se nourrissent sur le visage des gens pendant qu’ils dorment, c’est pourquoi ils sont aussi appelés “punaises tueuses” ou “punaises qui embrassent”. C’est une maladie négligée même si plus de 100 millions de personnes y sont exposées en Amérique latine. Chaque année, la maladie de Chagas fait des milliers de victimes et représente la maladie parasitaire avec la plus grande incidence socio-économique en Amérique latine.


Étimologie
La maladie tire son nom de Carlos Ribeiro Justiniano Chagas, le médecin brésilien qui l’a découverte en 1909. Elle est connue aussi avec le nom de trypanosomiase américaine et est provoquée par le protozoaire flagellé Trypanosoma cruzi. La maladie est transmise à l’homme par les punaises triatomines.
Ces punaises infestent les habitations pauvres des zones rurales et piquent la nuit. Après avoir mordu le sujet et ingéré son sang, elles défèquent sur le visage de la personne qui, en dormant, peut faire pénétrer les selles dans les muqueuses ou la peau lésée par grattage.
Le T. cruzi est également transmis :
• par transfusion de sang de donneurs infectés ;
• par passage d’une mère infectée à son enfant pendant la grossesse ou l’accouchement ;
• par transplantation d’organes de donneurs infectés;

Épidémiologie
On estime que, dans le monde, 6/7 millions de personnes sont infectées par les T. cruzi. La maladie de Chagas se trouve principalement dans les zones d’endémie de 21 pays d’Amérique latine. Chaque année dans ces pays, la maladie de Chagas tue plus de personnes que toutes les autres maladies infectieuses réunies, malaria comprise.
En Bolivie, d’après les données du Programa Nacional de Chagas de 2009, la moitié des 327 municipalités du pays est concerné par le mal de Chagas, qui touche près de 10’300 communautés rurales. Environ 2’000 d’entre elles sont considérées comme étant à haut risque, 2’300 à risque moyen, et 6’000 à bas risque. Parmi les communautés à haut risque, 70% se situe dans la région du Chaco, qui comprend Tarija, Santa Cruz, Chuquisaca, et une partie de Cochabamba.
Les facteurs majeurs expliquant la présence des vinchucas (triatomines infestans) dans cette région sont les températures élevées, la pauvreté et les conditions de salubrité favorables à la reproduction de ces punaises. De plus, l’efficacité et le potentiel chimique de l’insecticide y sont altérés par le climat chaud et le pH alcalin de l’eau.

Signes cliniques
Après une multiplication locale, le parasite gagne par voie sanguine les organes cibles, principalement le système nerveux, le cœur et l’intestin. La phase aiguë suivant l’infection est généralement asymptomatique, mais elle peut entraîner fièvre, malaise, douleurs musculaires, céphalées, et une lésion d’aspect furonculoïde (le chagome) située surtout au niveau de la tête. La phase aiguë, disparaît spontanément en 4 à 8 semaines.
La maladie évolue vers la chronicité chez plus d’un tiers des personnes infectées. La phase chronique apparaît après 10 à 20 ans d’infection « silencieuse ». Des lésions irréversibles peuvent toucher le cœur, l’œsophage, le colon, et le système nerveux périphérique : 27% des personnes infectées souffre de cardiopathies chroniques, qui peuvent conduire à la mort subite. Environ 6% des individus est atteint de lésions chroniques de l’appareil digestif et 3% des personnes infectées a des atteintes du système nerveux périphérique.

Diagnostic, traitement, prophylaxie et prévention.
Pour diagnostiquer la maladie, on examine le patient, où les symptômes suivants peuvent être détectés :
• Cardiomyopathie ;
• gonflement du foie et de la rate ;
• hypertrophie des ganglions lymphatiques ;
• arythmie.
Au cours de la phase aiguë, le parasite peut également être observé au microscope dans un échantillon de sang. Cependant, ce n’est que par des tests sanguins que le diagnostic peut être sûr, ce sont des tests spécifiques appelés : ELISA (Enzyme-linked immuno sorbent assay), CF (test de fixation du complément) et IFA (immunofluorescence indirecte).
Le traitement de la phase aiguë fait appel aux médicaments antiparasitaires. Les seuls médicaments efficaces sont le Benznidazole et le nifurtimox, qui sont utilisés dans les stades précoces de l’infection, mais qui ont des effets secondaires si lourds qu’ils poussent de nombreux patients à interrompre les traitements.
Afin d’éviter la transmission de la maladie, il convient de répandre des insecticides dans les habitations car il n’existe pas de traitement pour les formes chroniques, ni de vaccin. En outre, il convient d’éviter de dormir sur des lits de paille ou de boue, d’éloigner le lit des murs et de vérifier qu’il n’y a pas d’insectes derrière les meubles.

Une maladie tropicale négligée
Les maladies tropicales négligées constituent un groupe de conditions chroniques, handicapantes et défigurantes qui arrivent le plus couramment dans un décor de pauvreté extrême.
Selon le premier rapport de l’OMS sur les maladies tropicales négligées publié en 2010, plus d’un milliard de personnes souffrent d’une ou plusieurs maladies tropicales négligées.
Concernant les moyens de prévention de ces maladies, on peut citer :
•L’extension de la chimio prévention (utilisation de répulsifs et d’insecticides) ;
•L’intensification de la détection et la prise en charge des cas ;
•L’amélioration de la lutte anti vectorielle ;
•La garantie d’une eau sans risque sanitaire et de moyens d’assainissement et d’hygiène ;
•L’application de mesures de santé publique vétérinaire appropriée.
Mesures prises par le gouvernement bolivien pour lutter contre la maladie de Chagas
L’OMS en 2002 a reconnu la nécessité de traitement pour la maladie de Chagas. Quelques années plus tard, en 2006, le président bolivien Evo Morales fait de la lutte contre cette maladie une priorité nationale, il a déclaré que chaque citoyen pourra bénéficier gratuitement de soins. DNDi, une fondation à but non lucratif née en 2003 s’occupe de maladies négligées, et s’engage pour la prise de conscience sur Chagas. Il faut également citer la résolution de l’Organisation Panaméricaine de la Santé parue en 2009 et intitulée “ Elimination des maladies négligées et autres infections liées à la pauvreté”.

MSF et Maladie de Chagas en Bolivie
MSF a aidé les autorités sanitaires boliviennes en développant un protocole de diagnostic et de thérapie pour la maladie de Chagas. Un projet de traitement a aussi été lancé en introduisant des tests rapides et en donnant des appareils pour l’électrocardiographie et des médicaments. MSF a également conçu une application appelée eMOCHA qui permet à la population de signaler la présence de punaises et de faire ensuite intervenir la désinsectisation. De plus, à l’horizon il y a un nouveau médicament contre T. cruzi, le E1224, qui semble très prometteur mais est encore en phase d’expérimentation.
Depuis 1999, les opérateurs de MSF ont permis de dépister plus de 60000 personnes et ont traité plus de 3000 personnes. De 2012 à 2014, ils se sont également occupés de Chagas en Italie, en contrôlant et soignant les immigrés latino-américains arrivés dans notre pays. Grâce à la Campagne d’accès aux médicaments essentiels, MSF revendique des investissements accrus dans la recherche pour le développement de nouveaux outils diagnostiques et thérapeutiques.

Ecrit par Anastasia Aleshina, Diletta D’Acunto, Gaia Lenzetti, Giuseppe Romano, Liceo Luigi Galvani di Bologna, classe 2H

Bibliographie

Chagas disease (American trypanosomiasis)

Chagas disease, also known as American trypanosomiasis, is a potentially life-threatening illness caused by the protozoan parasite, Trypanosoma cruzi or (T. cruzi).

www.medecine.unige.ch : maladie de Chagas en Bolivie : exemple de prise en charge d’une maladie négligée

www.medicisenzafrontiere.it/cosa-facciamo/topic/chagas/

https://www.msf.ch/nos-actions/pays/bolivie

www.my-personaltrainer.it/salute-benessere/malattia-di-chagas.htlm