« Personne ne met ses enfants dans un bateau à moins que l’eau ne soit plus sûre que la terre… » — Warsan Shire
Espoir
nom masculin
(de espérer)
Fait d’espérer, d’attendre avec confiance la réalisation de quelque chose ; espérance : L’espoir d’une récompense. J’ai l’espoir de le voir revenir.
L’espoir : cette sensation qui pousse les gens à viser quelque chose de meilleur.
C’est ce même espoir qui vit dans l’esprit des migrants : “Ma vie doit changer !”, exclamation tirée de la vidéo réalisée par MSF Italie : Migrants Abandoned at the Borders.
Qu’il s’agisse de l’espoir d’échapper à une guerre, à la pauvreté, à la persécution ou de l’espoir d’avoir plus d’opportunités pour soi-même et pour sa propre famille, c’est malheureusement cet espoir qui se transforme trop souvent en mort. Selon les sources de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), au moins 500 personnes sont mortes depuis le début de l’année en essayant de traverser la Méditerranée centrale pour fuir l’Afrique vers l’Europe.
“Nous avons commencé nos activités en 1999 lorsque nous nous sommes rendu compte que les mêmes personnes qui étaient soignées et assistées à des milliers de kilomètres étaient souvent dans des conditions de précarité et de besoin en Italie.” (Médecins sans frontières, association médicale humanitaire internationale)
Si nous imaginons ce qui se passe à l’autre bout du monde, dans une réalité éloignée de la nôtre, il est facile de penser à une situation désastreuse, peut-être une guerre, peut-être la pauvreté, une épidémie, la famine…. Si, au contraire, nous essayons de nous imaginer dans cette situation et que, de là, nous pensons à l’Italie, un pays développé, doté d’un bon système éducatif et d’un énorme patrimoine culturel, n’aurions-nous pas alors envie de nous enfuir et de commencer une nouvelle vie ?
C’est ce que des milliers de personnes ressentent chaque jour, le désir de vivre une vie sereine, sans nécessairement vouloir s’échapper de leur patrie ni quitter leur famille. Si nous y réfléchissons bien, ne partirions-nous pas nous aussi vers un ailleurs pour trouver un meilleur emploi, un meilleur salaire, des possibilités d’études ou tout simplement une autre vie. Ne ferions-nous pas un “voyage de l’espoir” ? Sommes-nous donc si différents d’eux ?
Immigration
nom féminin
Installation dans un pays d’un individu ou d’un groupe d’individus originaires d’un autre pays. L’immigration est le plus souvent motivée par la recherche d’un emploi et la perspective d’une meilleure qualité de vie.
Nous connaissons tous ce phénomène : l’immigration.
Les immigrants, ces personnes qui “volent nos emplois” et qui “devraient retourner dans leur pays” sont des personnes qui ne peuvent pas retourner dans leur pays et qui, ici, n’entendent souvent même pas parler de travail, ou du moins pas du travail tel que nous le concevons.
Maintenant, suivons leur parcours à partir de leur arrivée en Italie.
La première difficulté à laquelle les migrants sont confrontés, une fois arrivés en Italie, est celle des frontières. Formellement, l’accord de Schengen est toujours en vigueur : il prévoit la liberté de circulation et l’élimination progressive des contrôles, mais en réalité, on assiste à une répétition systématique des rejets de migrants de l’Italie. Même ceux qui parviennent à franchir la frontière et à rester ne sont pas encore en sécurité, en effet, beaucoup d’entre eux sont contraints de vivre dans la rue ou dans des bâtiments abandonnés, sans ressources et sans soins médicaux. Ces terribles conditions de vie peuvent même perdurer pendant des années, en attendant de recevoir des papiers, la citoyenneté, un toit. En 2020, 29’547 demandes d’asile ont été examinées de janvier à septembre et elles ont vu la reconnaissance d’une protection internationale (statut de réfugié ou protection subsidiaire) dans seulement 21% des cas (Bulletin d’information du HCR).
Ceci est également dû au fait que fréquemment, aux frontières, les institutions sont totalement absentes et l’accueil et l’assistance humanitaire et médicale sont laissés entre les mains de militants et de volontaires comme par exemple MSF.
“Je vis dans cet endroit. Ce n’est pas facile. Il n’y a ni lumière, ni eau. Habiter un lieu pareil relève du défi. Des enfants et des femmes vivent dans ce genre de situation. Si l’on n’est pas fort, j’utilise ce mot à dessein, si l’on n’est pas solide, on ne peut pas rester ici.” Ce sont les mots d’un demandeur d’asile, qui se retrouve exclu des centres d’accueil, sans aucun processus d’inclusion sociale achevé (témoignage tiré de la vidéo réalisée par MSF Italie : exclus des systèmes d’accueil et en danger aux frontières).
Heureusement, en Italie, il existe aussi des exemples concrets d’espoir : “La vite e i tralci”, un projet qui est né en 2018 de l’idée, de l’enthousiasme et de la volonté de Don Giuseppe Salicini et d’un groupe de volontaires de la paroisse de St Jean Baptiste à Monte San Giovanni (BO), soutenu par l’archidiocèse de Bologne et Insieme per il lavoro “Ensemble pour le travail”.
“Nous les accueillons et travaillons ensemble, ils nous aident dans nos activités de création et d’entretien des espaces verts, dans la production de miel biologique et dans les vignobles des collines vertes de notre territoire de Monte San Pietro.”
Il s’agit d’un projet dont l’archidiocèse de Bologne est partenaire avec la municipalité de Bologne, la ville métropolitaine et la région Émilie-Romagne. L’objectif du projet est de “construire des solutions en réponse à la condition de fragilité en restaurant la dignité et l’espoir par des parcours de formation et de travail destinés aux jeunes sans emploi et aux adultes chômeurs dans des conditions économiques difficiles et/ou des difficultés sociales.”
Faisons maintenant connaissance avec deux voyageurs de l’espoir qui ont partagé le début de ce projet :
Bakari et Moussa sont deux réfugiés qui, grâce à Mosaico di Solidarietà ONLUS (une association de volontariat) ont été accueillis à Villa Gaist à Montepastore – Monte San Pietro (BO).
“Au début, ils avaient peur, ils ne se sentaient pas acceptés, ils devaient affronter l’obstacle de la langue”, nous raconte Massimo, tuteur de l’expérience, “puis ils ont commencé à me raconter leurs histoires, leur long voyage qui les a amenés en Italie après de nombreuses difficultés”. Bakary, arrivé du Mali, et Moussa du Sénégal sont les premiers à avoir participé à une formation par le biais d’un stage en entretien des espaces verts et d’un cours de sécurité avec la Paroisse de St Jean Baptiste qui a le rôle d’hôte.
Les jeunes ont commencé à se former à l’entretien des espaces verts, en s’adonnant à diverses activités (tonte de l’herbe, taille en général, plantation, remise en état des espaces verts et création d’espaces verts et de jardins).
Massimo ajoute que “faire travailler ensemble des Italiens et des réfugiés est très important, un rapport humain se crée”. Grâce à ce projet, une intégration se développe, un lien entre des personnes aux fragilités différentes qui se retrouvent sans travail, les “rejetés” de la société.
“Nous voulons devenir une ressource qui agit positivement dans le tissu social, en assurant l’insertion ou la réinsertion professionnelle dans un environnement professionnel et accueillant capable de donner de l’espoir et d’encourager l’expression des ressources personnelles de chacun, en gardant à l’esprit que l’estime de soi et la confiance en soi sont les bases fondamentales pour devenir indépendant.”
Il s’agit d’un projet de démarrage ; l’objectif est que les bénéficiaires des stages puissent aussi travailler sur leur estime de soi, qu’ils puissent se mesurer aux autres dans un contexte de travail temporaire. L’espoir est que ces personnes parviennent à reprendre confiance et à trouver ensuite un emploi plus stable. Après avoir travaillé dans le cadre de ce projet, aujourd’hui, Bakary et Moussa s’essaient dans d’autres contextes professionnels même si les problèmes restent nombreux et que souvent les permis de séjour, soumis à des visas de six mois, ne les aident pas à se stabiliser.
Souvenons-nous que, déjà au IVe siècle av. J.-C., Diogène de Sinope disait que l’espérance est la dernière chose qui meurt dans l’homme. Quoi de plus littéralement significatif pour les migrants ? L’espoir est la dernière chose qui leur reste, le fil rouge qui leur donne la force de résister tout au long de leur vie.
Ne les privons pas de cela aussi…
Écrit par Maddalena Bazzocchi, Matilde Chiari, Eleonora Deiola, Lycée Luigi Galvani de Bologne, classe 2H
Sitographie :
• ” Espoir “, Encyclopédie Larousse > dictionnaire [en ligne]. Disponible sur : https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/espoir/31053#locution
• “Immigration”, Encyclopédie Larousse > dictionnaire [en ligne]. Disponible sur : https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/immigration/41704#:~:text=Installation%20dans%20un%20pays%20d,une%20meilleure%20qualit%C3%A9%20de%20vie
• “Italie : exclus des systèmes d’accueil et en danger aux frontières”. Médecins sans frontières. Disponible sur : https://youtu.be/7XARhbEh0Hs
• “Progetti in Italia”, Médecins sans frontières. Disponible sur : https://www.medicisenzafrontiere.it/cosa-facciamo/progetti-in-italia/
• “Italy : Migrants Abandoned at the Borders”, Médecins sans frontières. Disponible sur : https://www.youtube.com/watch?v=YnRDG23mxzs
• “Insieme per il lavoro”. Disponible sur : https://www.insiemeperillavoro.it/
• “La vite e i tralci”. Disponible sur : https://vitetralci.it/
• “Migranti, 500 morti nel Mediterraneo da gennaio: triplicati rispetto al 2020”. La Repubblica. Disponible sur: https://www.repubblica.it/cronaca/2021/05/04/news/migranti_500_morti_nel_mediterraneo_dall_inizio_dell_anno_triplicati_rispetto_al_2020-299367598/#:~:text=Almeno%20500%20persone%20sono%20morte,quando%20si%20registrarono%20150%20morti
• “2019 en photos : retour sur une année d’interventions humanitaires “, Médecins sans frontières. Disponible sur : https://www.msf.fr/actualites/2019-en-photos-retour-sur-une-annee-d-interventions-humanitaires
• Bulletin d’information du HCR. Disponible sur : https://viedifuga.org/wp-content/uploads/2021/01/Fact-Sheet-December-2020_UNHCR_1_2021.pdf
• “Fischia il vento – basterebbe un traghetto”. La Repubblica. Disponible sur : https://video.repubblica.it/dossier/fischia-il-vento/fischia-il-vento-basterebbe-un-traghetto-puntata-integrale/220548/219747